Carte Blanche – “Humeur grise cherche la lumière”

Organisation de jeunesse, ça vous parle ? Plus de 100 associations qui se situent entre 200 maisons de jeunes, 90 AMO, 840 centres de vacances, etc. Le cœur du métier ? Former les citoyen·nes responsables actif·ves critiques et solidaires. Les former aux valeurs démocratiques, à s’engager dans la société, à mieux se connaitre et participer à la société de demain. Une société que nous rêvons plus juste, équitable, solidaire, ouverte à toutes et à tous.

Aujourd’hui, c’est malheureusement un climat de méfiance qui règne vis-à-vis des opérateur·rices !

Depuis quelques années déjà, ce ne sont plus seulement les restrictions budgétaires, classiques dans les secteurs non marchands que nous constatons, mais autre chose de plus profond depuis la législature précédente : une réelle augmentation de la charge administrative, des critères de contrôle, de rapportage et de vérification. Or, si nous sommes des opérateurs reconnus depuis des (dizaines d’) années, ne peut-on plus bénéficier de la confiance que l’exécutif nous faisait pour réaliser nos missions ?

Si nous sommes contraint·es de passer toujours plus de temps à nous justifier, rapporter, prouver notre bonne gestion et notre bonne gouvernance, comment atteindre nos objectifs de terrain avec toujours plus de pression et toujours moins de moyens ?

En outre, dans le contexte politique que nous connaissons (montée des extrémismes et de l’extrême droite, homophobie, racisme ouvert, islamophobie et antisémitisme assumés…), la liberté d’expression devient le déversoir nauséabond des pires injures et la censure, une arme de pointe contre celles et ceux qui croient encore au respect des droits fondamentaux.

Pour le moment, la Fédération Wallonie-Bruxelles reste encore et toujours une exception en la matière. Un hasard ? Certainement pas ! Si la Wallonie et Bruxelles sont encore pour le moment un terreau dans lequel l’extrême droite ne parvient pas à prendre racine, c’est sans doute grâce au cordon sanitaire. C’est aussi certainement grâce à la richesse et à la diversité associative. C’est depuis les associations de quartier jusqu’aux asbl actives sur l’ensemble du territoire, en passant par la vivacité des mutuelles, des syndicats et du réseau associatif dans son ensemble que nous pouvons encore dire fièrement qu’en Europe (et au-delà ?) nous maintenons une exception sociale et politique au Sud du pays. Une exception que nos prédécesseurs de gauche, du centre et du centre-droit ont forgé tout au long de la 2e moitié du XXe siècle et pour laquelle beaucoup se sont battus.

 

Mais aujourd’hui, comment préserver le lien, l’ouverture, la sensibilisation à la citoyenneté et à la démocratie, à l’inclusion, au vivre-ensemble que nous nous efforçons de construire tous les jours avec les jeunes ? Quelle éducation non formelle voulons-nous pour la prochaine génération ? Quelle place laisser à leur créativité, à leur expérimentation, à la prise de responsabilité ?

Le nouvel accord du gouvernement fédéral vient en plus ajouter une couche d’insécurité à tout ceci. En effet, avec le projet de réduction de la déductibilité fiscale des dons privés de 45 à 30%, c’est un énième coup de massue que le politique vient porter sur des associations qui ont déjà tant de mal à s’en sortir.

En bref, la charge administrative augmente, les subsides structurels diminuent ou ne sont pas indexés et puis la pression vient aussi se mettre sur les donateur·rices… Un clou de plus sur notre cercueil ! Que nous reste-t-il ? Dépendre du bon vouloir ponctuel et fortuit des entreprises privées ? Au final, quand tout ne dépendra plus que des grosses sociétés, l’action sociale sera-t-elle aussi déterminée par les stratégies des entreprises les plus puissantes ? Est-ce le modèle américain qui vous attire ? Cet « American Dream » ne cache plus l’enfer qu’il est devenu pour la population, les plus précaires en tête. Ceci n’est plus à démontrer !

 

Que fait-on alors ? Quel est le projet de société ? Comment construisons-nous du lien social ? Comment mettons-nous l’humain au centre ? Beaucoup de questions, peut-être, mais pour quelles réponses ? Y a-t-il une lumière au bout du tunnel ?

Pour Arc-en-Ciel ASBL

Thibaut de Radiguès,

Coordinateur